La Pensée du Jour est extraite du livre L'Amour, roman de Camille Laurens


Citation sur la vie: célèbre aujourd’hui l’anniversaire de Camille Laurens:


La Pensée du Jour d'aujourd'hui est extraite du livre -L'Amour, roman- , de Camille Laurens




Si les femmes attendent un bruit de pas qui n'arrive jamais, les hommes fuient vers un pays où ils n'arrivent jamais - ou bien, à peine au port ils n'ont de cesse de repartir, Circé les pousse vers Pénélope, et près de Pénélope ils rêvent au chant des Sirènes. Ils auront beau se moquer, quelle différence ? Ils ne lisent pas les mêmes livres, c'est tout. Contes de fées ou récits d'aventures, bague cachée dans un gâteau, navire affrété pour ailleurs, passion, action, port ou voyage, fusain de quenouille ou jungle hostile, peau d'âne ou toison d'or, miroir magique ou lames du Pacifique, bel amant ou Moby Dick, le texte change mais l'histoire est la même, commun le geste de lire, peur et plaisir mêlés, ce qui doit être lu - c'est une légende, l'amour - raconte-moi, lis-moi encore, mon coeur n'est pas las de l'entendre.


Camille Laurens biographie :


Camille Laurens, de son véritable nom Laurence Ruel, est un écrivain français, née le 6 novembre 1957 à Dijon (Côte-d'Or). Elle fait partie du jury du Prix Femina.

Agrégée de lettres contemporaines, Camille Laurens a enseigné à Rouen en Normandie, puis à partir de 1984 au Maroc, où elle a passé douze ans. À_partir_de septembre 2011, elle enseigne à l'Institut d'études politiques de Paris.


Quelques citations

 sur la vie et l'amour  de Camille Laurens





C'était lui, oui, et c'est en souvenir d'elle que Carnet de bal commence ainsi, par cette phrase qui est le leitmotiv de l'illusion amoureuse : c'est lui, c'est toi, c'est toi et moi à la vie à la mort, c'est nous, ce ne peut être que nous. L'amour se déploie dans ce conte : toi et moi comme deux moitiés d'un coquillage dont nous reformerions l'unité perdue, dont nous retrouverions la forme unique.





Etre à la merci de quelqu'un, voilà qui enlève au mot toute son urbanité et ramène le corps social dans la féodalité, où nous nous voyons malgré nous taillables et corvéables à merci.





Ce serait peut-être une définition de l'amour, celle de Flaubert: la curiosité. Etre soudain, tellement curieux de quelqu'un, fou curieux. Connaître l'autre, co-naître, naître au monde avec lui, tel est l'unique projet. La phrase la plus éloignée de l'amour, ce ne serait pas "je te hais", mais "je ne veux pas te savoir".





S'il y a une chose passionnante dans le langage usuel, c'est cette sorte de mots qui en remplacent d'autres et viennent au pied levé secourir notre impatience et servir notre désinvolture-truc bidule machin chose. Ils valent aussi bien pour les noms propres. (...)





- "Vous lui direz bien des choses"





Le visage est un puits sans fond dont on s'épuise à tirer une eau claire, on est comme un enfant qui voudrait faire tenir la mer dans un verre. Le visage n'a pas de sens, il n'a que des secrets, c'est indéchiffrable, même nu, même offert - c'est alors un livre ouvert en langue étrangère oubliée, si quelqu'un l'a sue il en a brûlé le dictionnaire. Tu t'échappes par ton visage, je le sais bien, c'est par là que ça s'en va, que ça s'évade ; te regardant présent, te recherchant absent, c'est toujours pareil. J'ai beau te rappeler à moi, rien n'y fait : les traits les mieux dessinés sont des lignes de fuite.

Le livre du jour :L'Amour, roman de Camille Laurens

Si la vie est (de_temps_à_autre) un roman, l'amour pourrait en être un différent. Tel est le sujet de Camille Laurens ici. Produire de l'amour un roman, avec ses endroits, ses histoires, ses héros, ses aventures...

Avec Dans ces bras-là, l'auteur appelait ses attaches consécutives. Dans L'Amour, roman, elle étale dans une configuration de représentation cette interrogation "éternelle et inconvenante" autour de l'amour et des amours, où "l'on brode, on conçoit, on mélange les leurs et les nôtres".

Là le souvenir des amours grand-maternelles, celui de filles à marier, des amoureux passagers, à l'incantation de plaisirs corporels, un mariage, une naissance, des aptitudes novices ou la légende (ouvrant de l’ouvrage) d'une fellation stupéfaction par la grand-mère.
Des aventures qui se mélangent, s'empilent dans le souvenir des sensations.
Voici une randonnée à travers les fils de l'amour, marquée de chansonnettes, de vers de Racine, traversée des idées savoureuses rudes de La Rochefoucauld, d'allégories à Pascal et à Mme de La Fayette, enrichie de passages de L'éducationaffectueuse de Flaubert...
Tout un roman de l'amour donc, développé en un style modéré et gueux à la fois, réjouissant sur l'ambiguë identité auteur narrateur.

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